Notre rapport au passé peu fondamentalement prendre deux dimensions : une dimension affective et une dimension rationnelle. La dimension affective repose sur les souvenirs et est constitutive de notre mémoire. La dimension rationnelle repose sur l’analyse méthodologique de ce qui c’est passé, elle est constitutive de la science historique. Mais ces deux dimensions ne sont pas cloisonnées, elles interfèrent régulièrement. L’historien se nourrit de témoignages des acteurs des événements et fait donc appel à la mémoire des acteurs. L’historien n’étant pas coupé de la société dans laquelle il vit, il peut être soumis aux enjeux mémoriels en tant que citoyen et être convoqué en tant qu’expert lors de débats mémoriels, y compris devant la justice. Ce dernier point illustre très bien les rapports ambigus entre Histoire et Mémoire(s), puisque devant une cours de justice, l’historien est convoqué en tant qu’expert pour nourrir une décision de justice reposant sur le droit, là où la mémoire attend une décision reposant sur la morale.